L’Ortie

ortie

 

Même nos « petits » ont vite appris à la connaître, cette vilaine herbe qui leur laisse des brûlures cuisantes sur les bras et les jambes ! Et, pourtant, les vertus de l’ortie sont multiples, tant en médecine qu’au jardin et en cuisine. 

Les orties vraies ou orties piquantes – à ne pas confondre avec les fausses tel le lamier blanc, dénommé à tort « ortie blanche », plante non piquante de la famille des lamiacées (ex labiées) – font partie de la famille des Urticacées. Leur nom vient du latin « urtica » (celle qui brûle), dérivé du verbe latin « urere », brûler. Un lieu rempli d’orties s’appelait en ancien français : urtier, ortière, ou ortillière. Il n’existe pas moins de 320 noms populaires pour désigner l’ortie (Tiberghien – 1993). Quelque exemples : Hourtigo, Outrigo, Ourtie, Artigo,…Il existe de par le monde plusieurs centaines d’espèces dans la famille des Urticacées. Chez nous, en France, cette famille ne comprend que deux genres :                                                                                                                               

le genre Ortie, avec quatre à six espèces.                                                                                                                                                                                                           

le genre Pariétaire, plantes que l’on trouve fréquemment implantées sur les murs des ruines et des vieux villages (du latin « paries », muraille).                         

Les deux espèces d’orties les plus connues chez nous sont :                                                                                                                                                                       

1) La grande ortie ou ortie dioïque. C’est celle que l’on rencontre le plus souvent                                                                                                                                   

2) La petite ortie ou ortie brûlante

 

BOTANIQUE
Ortie dioïque 

 

1) Grande ortie ou Ortie dioïque

Nom latin : Urtica dioica  Famille : Urticacées

C’est la plus grande et la plus répandue de nos orties. Elle peut dépasser 1m 50 de haut. Vivace, elle se propage rapidement grâce à ses longs rhizomes traçants, de couleur jaune-beige. Elles est dioïque, c’est-à-dire qu’il y a des pieds mâles et des pieds femelles.Les fleurs sont en grappes ramifiées. Les feuilles sont plus longues que larges.

 

 

2) Petite Ortie ou Ortie brûlante

Nom latin : Urtica urens  Famille : Urticacées

Beaucoup plus petite (maximum 70 cm), elle est monoïque (fleurs mâles et fleurs femelles sur le même pied). Elle est annuelle et se multiplie par dispersion de ses semences. Les feuilles sont à peine plus longues que larges. Elle n’a pas de rhizome, sa racine est pivotante. C’est la plus agressive.

Petite ortie

3) Les Fausses Orties

  • Le lamier blanc

Nom latin : Lamium album  Famille : Lamiacées

Appelé à tort Ortie blanche, il possède des fleurs à l’aisselle des feuilles et ne pique pas. Seule la forme de ses feuilles rappelle celle des feuilles d’Ortie, d’où son nom vulgaire.

Lamier blanc

  • Les autres lamiers

Pourpres, jaunes, etc…, leur nom vient de la couleur de leurs fleurs.

La confusion est souvent faite, ne vous laissez pas prendre et apprenez-le aux enfants.

Les orties poussent sur les terres humifères et légères. On les rencontre dans les haies, les chemins, les environs de villages, les coupes de bois, les champs, les jardins bien fumés, autour des fumiers et des composts. Elle s’installe partout où l’homme provoque une quelconque accumulation de matières organiques. Symbole des milieux riches et fertiles, l’ortie ne pousse jamais seule mais en grands massifs compacts.

In Situ

L’Endroit rêvé !

Les poils urticants

Responsables de son agressivité pour la peau, ils contiennent dans un renflement à la base du poil une substance sous pression, composée de : 

  • histamine
  • formiate de sodium
  • sérotonine
  • acétylcholine

Le poil urticant, effilé, est coiffé d’un petit renflement sphérique qui se brise comme du verre. Au moindre contact, la pointe se plante comme une aiguille dans l’épiderme et libère le liquide urticant. La sensation de brûlure est liée à la présence d’histamine.

poils urticants

Contre les piqûres d’ortie

  • Pour éviter les piqûres, on peut la prendre à mains nues à condition de pratiquer un mouvement de bas en haut.
  • L’ortie ne pique pas si : elle est coupée et sèche ou si elle est mouillée
  • Pour calmer les démangeaisons due aux piqûres, les frotter avec des feuilles de plantain, de menthe, ou de mauve.

 

COMPOSITION CHIMIQUE

Les constituants de l’ortie dioïque sont d’un intérêt, car les extraits des racines et des feuilles sont largement utilisés en médecine traditionnelle dans de nombreuses régions du monde.                                       

 La partie chimique active de l’ortie dioïque comprend près de cinquante composés. On trouve des stérols, des acides triterpéniques, des coumarines, des phénols, des lignanes, des céramides, des acides gras, etc., tous ces constituants trouvent leur répartition dans les divers organes de la plante.             

Composition chimique des poils urticants

L’action urticante est due au liquide contenu dans les poils. Ce liquide est libéré au moindre choc après rupture de l’extrémité des poils, qui deviennent ainsi une véritable aiguille hypodermique. Le liquide des poils contient au moins trois composés qui pourraient être à l’origine des réactions du muscle lisse: l’acétylcholine, l’histamine, et la sérotonine. On trouve également une petite quantité d’acide formique et de leucotriènes.

Composition chimique des parties aériennes               

L’ortie contient une quantité importante de substances azotées, provenant d’une forte teneur en protéines. Dans les parties aériennes, une huile essentielle est présente. Elle contient des cétones (38,5 %), des esters (14,7 %), des alcools libres (2 %), des traces de substances azotées, des phénols et des aldéhydes. On trouve également d’autres substances: p-sitostérol, acide formique et acétique, chlorophylle et phytol, vitamines et caroténoïdes.                                                        

Composition chimique des racines                                                                                                                              

– des polysaccharides: glycanes, glucogalacturonanes,arabinogalactane                                                                                        

– un acide gras                                                                                                                   

– des lectines                                                                                                                   

– des terpènes diols et des terpènes diols glucosides.

 

USAGES TRADITIONNELS

  • EN MEDECINE

Les propriétés médicinales de l’Ortie sont nombreuses et connues, et sont vantées depuis l’Antiquité. La plupart des indications de cette médecine empirique sont aujourd’hui vérifiées et trouvent des explications scientifiques. Dioscoride (1er siècle), qui en distinguait deux espèces, considérait les graines comme aphrodisiaques et expectorantes, et les feuilles comme diurétiques, laxatives, emménagogues. Une décoction d’ortie et de raisins secs dans du vin donnait, selon lui, d’excellents résultats. Mélangées dans du miel, les mêmes graines sont pectorales. Il conseillait aussi les cataplasmes de feuilles écrasées contre les « morsures rabiques », les plaies gangréneuses, les ulcères, les suppurations, l’aménorrhée. Il utilisait déjà son suc contre les saignements de nez. Pline (1er siècle) recommandait l’Ortie pour ses propriétés hémostatiques. Galien, un siècle plus tard, lui attribue les mêmes vertus médicinales. Au 12ème siècle, Sainte Hildegarde (1098-1179) recommandait l’utilisation de graines d’Ortie pour traiter les douleurs d’estomac. Au Moyen-Âge, l’Ortie était considérée comme une panacée: elle était préconisée contre l’angine, les crachements de sang, les maladies de la rate, les maux de tête; les graines étaient employées contre les maladies des reins et de poitrine; le suc frais contre les douleurs articulaires et les plaies enflammées; la racine contre les tumeurs ganglionnaires et les saignements de nez. Au 16ème et au 17ème siècles, elle est toujours un remède sûr et efficace, permettant de spectaculaires guérisons. Elle continue à être utilisée contre les hémorragies et les hémoptysies. Culpeper affirmait que les feuilles ou les racines d’Ortie bouillies et mélangées avec du miel et du sucre soulageaient les poumons encombrés. Il recommandait aussi l’extrait d’Ortie avec du miel en gargarisme pour les maux de gorge et de bouche. Il préconisait aussi l’Ortie pour le lavage antiseptique des plaies et des infections de la peau. Plus tard, Bock et Matthiolus recommandaient les feuilles d’Ortie pour leur utilisation diurétique, aphrodisiaque, anti-hémorragique, cicatrisant des plaies et dans le traitement des maladies rénales. « L’urtication» ou la «flagellation» avec les feuilles d’Ortie était prescrite pour soigner les rhumatismes chroniques, la léthargie, le coma, la paralysie, et aussi dans le traitement de la typhoïde et du choléra. Au 18ème siècle, E. Blackwell, notait la valeur de l’Ortie en cuisine, comme astringent, et son utilisation contre toute sorte de « saignements internes ». Le jus d’Ortie était recommandé en application locale pour soigner les épistaxis et favoriser la cicatrisation d’autres plaies; la racine comme diurétique et traitement de la jaunisse, et les graines pour la toux et les difficultés respiratoires. Dans son ouvrage Primitive Physic, J. Wesley recommandait les Orties comme anti-hémorragique. Il conseillait la racine séchée pulvérisée et mélangée avec de la mélasse pour traiter les enrouements et une décoction à boire deux fois par jour pour soigner la jaunisse. Il proposait également de manger de l’Ortie en cas de pleurésie et contre les vers, et d’appliquer directement le jus d’Ortie sur une éruption due à des piqûres d’Ortie. Pour soigner une sciatique, il préconisait de faire des cataplasmes d’Orties bouillies. Au 19ème siècle, les médecins recommandaient les Orties dans de nombreuses circonstances. Thornton proposait un traitement au jus d’Ortie pour l’hémoptysie, l’ épistaxis (en application locale). En France, l’Ortie est retombée dans l’oubli, jusqu’à ce que Ginestet puis Cazin redécouvrent ses vertus anti-hémorragiques. Wren liste les actions de l’Ortie: diurétique, remède contre l’urticaire, bière tonique, et astringent local. Phelps Brown conseillait l’usage interne de l’Ortie également comme diurétique, tonique, remède contre la dysenterie, les hémorroïdes, les calculs vésicaux et rénaux; et l’emploi des graines et des fleurs dans du vin contre la fièvre. Au début du 20ème siècle, M. Dobreff, en 1924, découvre une « sécrétine » analogue à celle contenue dans l’épinard. Dix ans plus tard, H. Cremer démontre sa valeur antianémique et reconstituante en mettant en évidence « l’enrichissement en globules sanguins» qu’elle procure. Les travaux de Wasiscky, de 1929 à 1932, confirment son pouvoir de soigner les cas de diabète. H. Leclerc constate entre 1925 et 1931 les résultats du suc frais pour lutter contre les saignements de nez et autres hémorragies, tandis que W. Ripperger (1935) cite ses bienfaits pour les affections cutanées.

  • APPLICATIONS AGRICOLES

Plante polyvalente par excellence, l’Ortie possède plus d’une ‘fibre’ à son arc. Que ce soit comme engrais, produit de traitement, fourrage ou aliment du bétail, ses utilisations agricoles et maraîchères sont multiples et variées. Après avoir été délaissée pendant plus de cinquante ans, l’Ortie retrouve peu à peu une place qu’elle n’aurait jamais dû quitter dans les exploitations. Les industriels s’y intéressent à nouveau, et c’est avec l’actualité de l’agriculture moderne (« vache folle », pollution par les nitrates…), qu’elle effectue un retour remarqué, accrédité par les nombreux travaux scientifiques qui viennent confirmer sa valeur universelle. L’Ortie nous plonge au tout début de l’agriculture. Cette plante des premiers campements préhistoriques fut rapidement apprivoisée et elle devint sans aucun doute l’un des premiers légumes. Il est possible qu’il y ait eu des cultures, ou tout au moins des emplacements réservés à l’ortie dès l’âge de pierre. Plus tard, elle fut consommée presque partout à la façon de l’épinard. Durant tout le Moyen-Âge, mais aussi durant les siècles suivants, elle fit l’objet de véritables plantations. La destination première de la plante était le fourrage, accessoirement l’industrie pour la fabrication de tissus et de papiers. Son principal atout est de pousser partout et en particulier dans les terrains incultes, inaptes à recevoir d’autres cultures. En Allemagne, sa culture a perduré jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Jusque dans les années 50, les marchés des villes d’Europe orientale étaient encore abondamment approvisionnés en Ortie pour la consommation animale mais aussi humaine. Chez nous, elle fait un timide retour sur le marché. L’accueil qui lui est réservé, dénote une attente certaine des consommateurs vis-à-vis des produits présentant les attraits d’une saveur authentique et des vertus certaines pour la santé. La récolte de l’Ortie se fait dès le mois d’avril pour la consommation de jeunes pousses, puis de juin à septembre pour la récolte de plantes entières. L’Ortie est capable de concentrer de nombreux éléments minéraux, et donc aussi capable d’emmagasiner de nombreuses substances toxiques. En conséquence, la récolte des Orties destinées à la confection de plats, mulch, ou purin doit se faire dans des lieux sains.. Un séchage en grange est souvent nécessaire. La difficulté réside à effectuer un séchage homogène de la feuille et de la tige. La feuille est sèche en quelques heures, alors qu’il faut plusieurs jours pour déshydrater convenablement les tiges. Dans les pays scandinaves, où le séchage se fait en grange avec ventilation, il ne pose aucun problème.

L’utilisation de l’ortie en alimentation animale remonte à la nuit des temps. Cultivée depuis des temps immémoriaux comme fourrage, l’Ortie a l’avantage d’être présente autour de toute ferme. Les agriculteurs mettent à profit toutes les parties de la plante pour alimenter le bétail, qu’il soit grand ou petit, de la poule à la vache. De plus, l’ortie présente l’avantage d’être une plante précoce car elle précède environ d’un mois les plus hâtifs des fourrages, en l’occurrence la luzerne. Fauchée, puis fanée et séchée, l’Ortie perd son pouvoir urticant, et constitue un fourrage d’excellente qualité, particulièrement riche en éléments minéraux et en protéines. L’ortie peut être donnée à tous les animaux de la ferme. Elle peut être consommée fraîche ou sèche, seule ou mélangée à d’autres aliments. En mélange, elle améliore l’appétence des autres fourrages.

Comparaison entre le foin et l’Ortie : l’Ortie est plus riche en éléments nutritifs, tout en étant plus pauvre en cellulose que le foin; on comprend que la valeur nutritionnelle de l’Ortie soit dans ces conditions nettement supérieure à celle d’un bon fourrage. L’ingestion d’orties sous toutes ses formes accroît la sécrétion lactée des vaches. En hiver, elle élève le taux de crème et donne un goût agréable au beurre, qui devient jaune et léger comme en plein été. Dans les pays scandinaves, l’ortie sert à la fabrication d’une boisson brune à odeur forte qui plaît beaucoup au bétail. On infuse des plantes fraîches ou sèches pendant une journée dans un baril d’eau chaude. Cette boisson est réputée désaltérante et nourrissante.

Les anciens nourrissaient souvent les volailles à l’aide de jeunes orties hachées et mélangées aux pâtées de céréales. D’une façon générale, son pouvoir reconstituant peut être utilisé pour tous les animaux de la ferme fatigués ou convalescents. Tout comme l’Ortie améliore la production lactée des ruminants, elle favorise aussi la ponte chez les oiseaux.

  • AU JARDIN

Au jardin L’Ortie est une alliée précieuse du jardinier, mais c’est surtout pour le jardinier biologique qu’elle est un outil indispensable. C’est, entre autres, grâce à elle et à ses multiples utilisations que l’on peut sans difficulté se passer des traitements qui empoisonnent le jardin et notre santé.

Le purin d’ortie

Parmi les dérivés agricoles de l’Ortie, le purin est le plus populaire et la plus anciennement connu aussi. Panacée selon les uns, remède miracle pour d’autres, simple auxiliaire du jardinier pour les moins enthousiastes, le purin d’Ortie n’a jamais rencontré de détracteurs. Son succès s’explique par les résultats obtenus, souvent spectaculaires, et sa simplicité de fabrication et d’utilisation. Son nom de purin, il le doit à l’odeur putride qui s’en dégage, résultat de la macération prolongée des orties dans de l’eau. Le purin d’Ortie s’utilise soit comme fertilisant, soit en traitement préventif de certaines maladies ou invasions de parasites. Sa réputation est ancienne. On l’utilisait en agrobiologie sans même connaître les raisons scientifiques. Ce n’est que récemment que des chercheurs, intrigués par ces résultats, ont décidé de le soumettre à de rigoureuses expérimentations. Ces travaux, effectués en 1981, sont l’œuvre de Rolf Peterson, chercheur suédois. Ils confirment en tous points les travaux de terrain et donnent des arguments de poids aux fervents défenseurs de l’agriculture biologique. Les chercheurs ont cultivé pendant deux mois, sur un substrat neutre, en serre, des radis, des tomates, du blé et de l’orge. Une partie des plantes recevait une dilution de purin d’ortie, l’autre une solution minérale chimique de composition identique. L’avantage du purin était décelable d’un seul coup d’œil, tant la vigueur des plantes soumises à son action était spectaculaire. Les analyses ont confirmé ces résultats sans équivoque, la méthode naturelle avait produit une quantité plus importante de matière végétale fraîche mais aussi de matière sèche, et le système racinaire des plantes ainsi nourries était plus développé. D’autres scientifiques ont récemment découvert que les racines d’ortie contenaient une substance de la famille des phytolectines, qui inhiberait la croissance des champignons responsables de certaines maladies des plantes. Le purin d’ortie permet de lutter en traitement préventif contre les maladies cryptogamiques: cloque du Pêcher, oïdium, mildiou, rouille du Groseillier.

Mode de fabrication

Le purin d’Ortie est le résultat d’une macération prolongée de plantes dans de l’eau. Deux phases successives du processus sont essentielles à connaître: la fermentation et la putréfaction. Le résultat dépend de la maîtrise de ces phases. La fermentation se traduit par une destruction des cellules d’orties qui libèrent ainsi le suc cellulaire. Au bout de quelques jours, bactéries et champignons microscopiques prolifèrent rapidement. L’odeur nauséabonde qui se dégage rappelle qu’il s’agit d’un début de décomposition de matières organiques tout à fait naturelle. Les bactéries, en se multipliant, entretiennent le processus. Parmi les secrets encore non élucidés, il faut citer la composition chimique du purin qui varie d’une année à l’autre, d’une saison à l’autre. Le purin d’Ortie se fabrique dans de grands récipients en bois, en plastique résistant ou en inox de 20 à 200 litres. Les tonneaux en fer sont à proscrire car ils s’oxydent très rapidement. Les quantités sont à raison d’une partie de plante pour neuf parties d’eau (ex: 10 kg d’orties + 90 L d’eau). Le contrôle de la fermentation est essentiel, en effet celle-ci peut varier en fonction de la température de 5 à 30 jours. Lorsque les petites bulles provoquées par le brassage disparaissent, cela signifie que la fermentation est finie et que la putréfaction va débuter. Il faut alors séparer les matières végétales du liquide obtenu. Le purin convenablement filtré est un produit naturel stable qui conserve parfaitement toutes ses qualités durant plus d’un an. Le stockage doit se faire dans des fûts ou des bidons plastiques bien pleins et fermés hermétiquement à l’abri du gel et à température tempérée. La teneur en minéraux du purin a été étudiée par Peterson :  Le purin est riche en azote, sa teneur en phosphore est relativement faible et sa richesse en fer exceptionnellement élevée.

Indications et utilisations

Le purin d’Ortie:                                                                                      

– stimule la croissance des végétaux                                                                  

– renforce la résistance des plantes face aux maladies et aux invasions de parasites                                                                                                               

– lutte contre la chlorose des feuilles et les carences minérales                             

– est répulsif pour certains pucerons, les acariens, les carpocapses                          

– est répulsif pour les limaces (non dilué sur le sol, mais attention aux brûlures des végétaux, car le purin pur est un bon désherbant).

 Propriétés insecticides et fongicides

Le purin d’Ortie agit indirectement en renforçant la combativité des plantes face aux agresseurs potentiels. Il peut aussi ralentir ou arrêter la multiplication de certains parasites en modifiant leur environnement immédiat. Sur les arbres fruitiers, il permet en association avec la prêle de limiter les attaques d’araignées rouges et de pucerons. Le traitement s’effectue au début du printemps avec du purin d’Ortie dilué à 5 % auquel on ajoute 2 L de décoction de prêle (150 g de plantes sèches dans 10 L d’eau, faire bouillir 25 min, laisser refroidir 12 h, filtrer).

Fertilisant

La dilution optimale en arrosage semble être de 10 % pour des plantes en végétation mais peut atteindre 20 % en épandage comme fumure de fond. De plus fortes concentrations produisent l’effet inverse de celui recherché et inhibent la croissance des plantes. Les plantes sont arrosées régulièrement avec cette préparation une fois par semaine, si possible après la pluie. Au printemps, gazons et prairies profitent pleinement de ce traitement. Les plantes d’appartement affaiblies retrouveront vigueur et santé grâce au purin.

Purin-d'ortie-'maison'

Purin d’Ortie « maison »

 

  • USAGES DOMESTIQUES ET INDUSTRIELS

La principale utilisation domestique fut, durant de longues années, la fabrication de tissu. Là encore, il faut remonter à la nuit des temps pour avoir une chance de connaître l’histoire textile de l’Ortie. Quand on sait que la famille des Urticacées est toute proche de celle des Cannabinacées (famille du Chanvre), il n’y a rien d’étonnant à ce que ses propriétés soient similaires.

* Historique

On a toujours appris que les momies étaient enveloppées dans des bandelettes de coton. En fait, des égyptologues de terrain ont découvert que ce coton était constitué de fibres d’orties, précisément une Ortie exotique, la ramie. L’Ortie, qu’elle soit indigène ou exotique, possède des propriétés insecticides, antibactériennes et fongicides certaines. Ces propriétés, les fibres des plantes les conservent. C’est ainsi que ce tissu se trouve être le plus résistant qui soit à l’humidité. Dans notre bonne vieille Europe, les qualités textiles des orties étaient parfaitement connues et méticuleusement exploitées. C’est pourquoi cette plante a longtemps fait l’objet d’une culture agraire et industrielle. Entre le 15ème et le 17ème, l’industrie de la fibre d’Ortie a tenté de s’imposer, en particulier en Allemagne, mais aussi en France. On tirait de la filasse d’Ortie un coton extrêmement fin. Pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands en faisaient des toiles de tente, des sacs «tyroliens », les premiers sacs à dos et même des tricots, des chaussettes en ortie ! En Haute-Savoie, sa toile servait à faire des torchons très solides de couleur verdâtre qui blanchissaient au lavage. Malheureusement, sa moindre richesse en fibres et la taille de celles-ci (plus courtes que celles du Chanvre) l’a empêchée de s’imposer. En revanche, la couleur verte du tissu non blanchi était appréciée des militaires, qui en avaient confectionné les premiers filets de camouflage. Si l’industrie textile a dû abandonner la fibre de nos orties indigènes, c’est uniquement pour des raisons techniques et de rentabilité. En effet, sa transformation n’a jamais pu être entièrement mécanisée, et dès que le prix de la main-d’œuvre a crû, l’exploitation de l’Ortie n’étant plus rentable, la culture a cessé.

* Propriétés textiles

Même si leur utilisation est passée de mode, il n’est pas inutile de rappeler les qualités textiles de l’Ortie. La Grande Ortie produit de nombreuses fibres d’une longueur moyenne comprise entre 10 et 20 mm parfois jusqu’à 25-26 mm. Elle produit de 6 à 8 % de fibres (moins que le Chanvre). Le procédé d’extraction de la fibre est comparable à celui utilisé pour les autres plantes textiles, Chanvre ou Lin, à savoir: le rouissage, le battage et le broyage, le teillage et le filage. Le rouissage consiste à faire tremper les plantes entières dans un bassin jusqu’à ce que les substances pectiques qui relient les fibres entre elles soient détruites par fermentation. Les fibres peuvent alors être séparées des parties ligneuses. Le rouissage est l’opération la plus délicate, car trop prolongé, il provoque un début de putréfaction de la fibre, qui sera alors de qualité inférieure. Le battage et le broyage permettent de briser les parties ligneuses. Le teillage permet enfin de débarrasser la fibre de toutes ses impuretés par des peignages successifs. On obtient alors la filasse brute.

* Teinture

L’usage de l’Ortie en teinture végétale est relativement récent. A la fin du 18ème, dans le pays messin, la racine servait uniquement à teindre les œufs de Pâques en jaune. La décoction jaunâtre des orties exposée à l’air donne une matière colorante verte proche du vert de chine.

* Colorants

La richesse en chlorophylle des feuilles d’Ortie a permis d’en extraire des colorants alimentaires. La chlorophylle est transformée en chlorophylline cuivrique, liposoluble. Une forme hydrosoluble est obtenue après saponification modérée. La chlorophylle (E140) et son dérivé cuprique (E141) sont des colorants naturels autorisés, utilisés aussi comme arômes pour certains dentifrices et chewing gums et comme anti-odorants.

* Papier

Bien que l’emploi de l’Ortie comme composant unique de la pâte à papier ait été relativement limité, son incorporation en mélange à d’autres matières, notamment les vieux chiffons, était une pratique courante. Aujourd’hui, pour cause de rentabilité, la pratique est, à quelques rares exceptions près, abandonnée.

* Usages particuliers

La viande dure bouillie avec des orties devenait plus tendre. Ses qualités antiseptiques étaient mises à contribution pour la conservation des volailles, poissons, écrevisses et viandes diverses. A l’époque où les réfrigérateurs n’existaient pas, on enveloppait ces mets dans des feuilles d’orties, ils gardaient ainsi toute la fraîcheur. La décoction concentrée de feuilles, saturée de sel, a servi pour faire cailler le lait. En montagne, les bergers récuraient leur chaudron à fromage avec une poignée d’orties fraîches. Cette propriété bien réelle de l’Ortie est due à la forte concentration de la plante en silice (dans les poils) et en cristaux de calcium (dans l’épiderme). Meubles, parquets, escaliers, etc., sont efficacement patinés et lustrés avec une poignée d’orties. En Normandie, l’Ortie était utilisée pour enlever les taches de graisse récalcitrantes.

  • EN CUISINE

Les recettes qui vont suivre sont à élaborer avec de jeunes pousses fraîches. Il faut donc la récolter en avril/mai, époque où la plante est encore jeune et tendre. A partir de mai, les pieds de l’Ortie dioïque deviennent filandreux, il ne faut plus récolter que les jeunes pousses terminales et les feuilles tendres. Les plantes perdent leur caractère urticant au séchage ou à la cuisson. Il ne faut pas oublier que l’Ortie fait partie de ces plantes à la fois aliment et médicament et qu’en la consommant, elle améliore la santé. La meilleure façon de tirer profit de ses bienfaits reste de la consommer en cure printanière, propre à régénérer et redynamiser les organismes à la sortie de l’hiver. Celle-ci ne sera efficace que si l’on en consomme à un repas au moins par jour pendant 15 jours à 3 semaines.

1) La soupe aux Orties

 Cette plante aux mille vertus entre dans le composition de la « soupe aux neuf herbes du jeudi vert» (le jeudi saint) et fait partie des légumes utilisés pour la revitalisante « cure de printemps », conseillée par de nombreux auteurs. De nombreuses variantes de soupe aux Orties peuvent être confectionnées. D’une façon générale, les recettes familiales peuvent être adaptées en remplaçant les légumes verts (épinards, bettes…) par des orties. Les personnes souffrant de rhumatisme préfèrent l’Ortie à l’épinard ou à l’oseille, car elle contient peu ou pas du tout d’oxalate.                                                               

* version classique: Pour 4-6 personnes, 150 g d’ortie, oignon, ail, féculent au choix, croûtons aillés, fromage râpé. Gardez les feuilles les plus tendres. Faites revenir ail et oignon dans un peu d’huile, versez les orties, faites-les fondre. Ajoutez un féculent (pommes de terre, flocons de céréales ou tapioca). Couvrez d’eau, sans plus. Salez. Une fois le féculent cuit, passez le tout au moulin à légumes. Assaisonnez. Servez le velouté avec croûtons aillés et fromage râpé.

* version diététique: Pour 4-6 personnes, 150 g d’ortie, 3 gousses d’ail, 3 oignons, 2 verres de lait demi écrémé. Même recette que précédemment, mais remplacez le féculent par l’équivalent d’ail et d’oignons puis la crème par le lait.

* version provençale: Pour 4-6 personnes, 250 g d’ortie, 1 gousse d’ail, 1 oignon, 5 pommes de terre, 1 branche de fenouil, du thym, 2 œufs. Faites revenir l’oignon dans un fond d’huile d’olive, ajoutez les orties hachées. Lorsqu’elles sont fondues, ajoutez les pommes de terre en dés. Faites revenir 5 minutes, puis couvrez largement d’eau. Assaisonnez, mettez le fenouil, le thym et l’ail. La soupe est cuite lorsque les pommes de terre sont fondantes. Au moment de servir, faites une liaison avec les jaunes d’œufs.

2) En légume

Voici 2 façons, parmi d’autres, de préparer les orties pour en faire des plats de légume d’accompagnement pour viandes ou poissons. à l’étouffée : La plus simple et l’une des meilleures façons de la cuisiner : cuite à l’étouffée sur un lit d’oignons revenus à l’huile d’olive, elle constitue un légume délicat et parfumé qu’il ne faut pas négliger. à la crème: Après avoir cuit vos orties comme ci-dessus, mettez-les dans un plat à four. Couvrez de crème liquide et de gruyère râpé; saupoudrez de chapelure et faites dorer au four. Au beurre : faites blanchir les orties 5 minutes. Egouttez-les, puis mettez une noix de beurre dans une sauteuse et faites-y revenir vos orties en y ajoutant une petite poignée de raisins secs et une demi-douzaine de pruneaux d’Agen dénoyautés et coupés en 4. Dressez dans un plat et au moment de servir, ajoutez quelques morceaux de beurre. Astuce: conservez l’eau de cuisson des orties pour en faire un bouillon de santé en y ajoutant simplement un peu de vermicelle. en purée: Faites cuire ensemble 4 grosses pommes de terre et 250 g d’ortie. Lorsque les premières sont cuites, passez le tout au presse-purée ou au mixeur. Servez tel quel ou gratiné au four.

3) Quiche aux orties

Pour 4-6 personnes, 200 g de pâte brisée, 150 g d’ortie, 1 gros oignon, 2 œufs, 100 g de lardons, 2 cuillères à soupe de crème fraîche, 1 verre de lait, épices, fromage râpé. Fond de tarte: préparez 200 g de pâte brisée, étalez-la au rouleau et garnissez-en une tourtière. Garniture 1 : faites revenir dans une poêle huilée, l’oignon, les orties hachées, quelques lardons. Garniture 2 : dans un bol, versez le lait, la crème et les œufs, fouettez, puis assaisonnez. Mélangez les deux garnitures. Versez sur la pâte, saupoudrez de fromage râpé et laissez cuire à four chaud de 20 à 30 minutes.

4) Soufflé aux orties

 Pour 4-6 personnes, 200 g d’ortie, 200 g de pain, 2 oignons, 1 de lait, 1 œuf, fromage râpé. Cuisez les feuilles d’Ortie dans de l’eau salée, égouttez et hachez. Faites revenir le pain coupé en petits dés dans du beurre, arrosez avec le lait bouillant et faites cuire l’ensemble à l’étouffée. Ajoutez les oignons coupés fin. Versez les orties sur ce mélange, liez le tout avec un blanc d’œuf monté en neige, versez l’ensemble dans un plat à soufflé, saupoudrez de fromage râpé et cuisez à four très chaud. Servez dès la sortie du four, accompagné d’un blanc alsacien.

5) Avec les poissons

 C’est sans aucun doute avec les poissons que l’Ortie se marie le mieux. On peut accompagner n’importe quel poisson d’eau douce avec l’une des recettes d’ortie en légume citées précédemment, ou on peut s’inspirer de l’une des deux recettes suivantes. truites gratinées aux orties: Pour 4-6 personnes, 4 belles truites, 250 g d’ortie, mie de pain, lait, 2 œufs, ail, 2 petits oignons. Nettoyez et videz les truites. Dans une poêle, faites revenir les oignons, puis ajoutez les orties et l’ail. Pendant que les orties cuisent, faites tremper le pain dans un peu de lait. Quand les orties sont cuites, mélangez-les avec le pain émietté et les œufs pour obtenir une farce homogène que vous-assaisonnez à votre goût. Remplissez les truites de farce, agencez-les dans un plat à four beurré et disposez le reste de la farce autour. Couvrez d’un papier aluminium et faites cuire au four. Servez avec un blanc moelleux. poêlée de soles à l’ortie: Par personne, il faut 1 sole, lit de verre de vin blanc, 1 gousse d’ail, 1 cuillère à café d’orties sèches, 2 cuillères à soupe de crème fraîche, 1 rondelle de citron, sel, poivre. Faites revenir l’ail dans un peu de beurre, puis faites-y frire vos soles pendant 2 minutes après les avoir saupoudrées d’un peu d’orties sèches; salez, poivrez, retirez les poissons. Dans la poêle chaude, versez le reste d’orties, le vin blanc, la crème et le citron pelé. Faites réduire la sauce obtenue de moitié environ et assaisonnez-la. Juste avant de servir, remettez les soles dans la sauce et refaites cuire 1 minute à vif. Accompagnez d’un vin blanc sec.

6) Pâtes vertes fraîches

… à l’italienne Pour 4-6 personnes, 200 g de farine, 3 œufs, 1 cuillère à soupe d’huile d’olive, 50 g d’ortie fraîche hachée, ou 2 cuillères à soupe d’ortie sèche, 1 cuillère à café de sel fin. Mettez la farine en fontaine, incorporez-y les œufs, l’huile d’olive, les orties finement hachées et le sel. Malaxez l’ensemble jusqu’à obtention d’une pâte lisse. Ensuite, farinez un plan de travail et pétrissez la pâte pendant 10 minutes. Laissez reposer 30 minutes. Abaissez-la au rouleau jusqu’à ce qu’elle soit aussi fine qu’une feuille de papier. Laissez sécher 10 minutes, puis découpez en fines lanières ou tout autre forme. Cuisez.

7) En salade crue

Il est possible de la consommer en salade en prenant soin d’ébouillanter les jeunes feuilles avant de les hacher. Pour cela, mettez-les dans un égouttoir à légumes, et versez dessus de l’eau bouillante. Mélangez avec du fromage blanc ou du fromage frais de chèvre, additionnez, si vous aimez, d’ail ou d’échalotes.

8) En boisson

Pour 10 litres de boisson, faites bouillir doucement dans de l’eau, durant 40 minutes, 1 kg de jeunes orties avec 2 citrons non traités coupés en tranches. Filtrez. Faites dissoudre 2 bols de cassonade, puis délayez dans un peu de liquide tiède une cuillérée à soupe de levure de bière. Mélangez le tout de façon très homogène. Mettez en bouteilles (utilisez des bouteilles à champagne) avec fermeture de type « canette à limonade ». Stockez au frais, et 15 jours plus tard, consommez.

 Il existe encore d’autres recettes à base d’orties: les boulettes aux orties; l’omelette aux orties, les sauces vertes, pour accompagner les crudités; les crêpes; la gelée d’ortie, remède apprécié en cas de fatigue passagère car riche en minéraux, notamment le fer, le magnésium… Mode d’emploi – infusion de feuilles: verser 1 litre d’eau bouillante sur 50 g à 100 g, infuser 20 minutes, filtrer – infusion de racines: 30 à 40 g pour 1 litre d’eau, chauffer à feu doux, bouillir 5 à 10 minutes – décoction: faire bouillir 50 g de plante dans 1 litre d’eau durant 5 minutes, filtrer.

USAGE MEDICAL

L’Ortie dioïque appartient au monopole pharmaceutique. Elle est inscrite sur la liste des plantes médicinales retenues comme telles par la Pharmacopée Française. Les drogues utilisées sont les parties aériennes et les racines. Aujourd’hui les propriétés médicinales de l’Ortie sont reconnues de tous. La plupart des pratiques populaires ancestrales ont été confirmées par l’analyse et l’expérimentation. De nos jours, l’Ortie rentre dans la composition d’une multitude de médicaments allopathiques ou homéopathiques et les recherches se poursuivent et viennent confirmer certaines utilisations empiriques.

1) Usage thérapeutique traditionnel

La présence de vitamines B2, B5, d’acide folique, de silice et de zinc permet de lutter contre les ongles cassants, la chute des cheveux et favorise leur repousse. Le traitement de l’acné est possible en raison de l’effet anti-inflammatoire du zinc présent dans l’Ortie. Elle est dépurative, elle « régénère le sang» (dartres, eczéma, maladies de la peau). Elle est utilisée par voie orale, en teinture homéopathique, contre la varicelle. L’Ortie est un remède traditionnel utilisé contre l’anémie et le manque d’énergie: c’est un excellent fortifiant général grâce à sa haute teneur en fer, vitamine C et autre minéraux. Son effet reminéralisant en fait un remède efficace pour l’arthrose ou les rhumatismes. Elle stimule les fonctions digestives (lourdeurs et crampes d’estomac). Elle est diurétique et astringente. Elle améliore l’attention intellectuelle et agit favorablement sur l’anxiété et les états dépressifs. La tisane d’Ortie est toujours proposée par les phytothérapeutes comme remède traditionnel pour la goutte et les rhumatismes. En Allemagne, la tisane d’Ortie est utilisée comme diurétique léger, mais elle n’est pas suffisamment puissante pour être associée à un traitement de l’hypertension ou les problèmes cardiaques. En Europe Occidentale, les décoctions ou les infusions sont utilisées comme diurétiques, anti-hémorragiques, anti-rhumatismales, ainsi que pour les éruptions cutanées allergiques et l’asthme, ou encore pour les problèmes gastriques et biliaires. En Russie, l’Ortie est aussi employée pour les troubles biliaires et hépatiques.

2) Utilisation actuelle de l’Ortie

  • Utilisation actuelle des parties aériennes : elles sont utilisées principalement sous forme de tisane, d’extrait, de teinture ou de jus frais. Par exemple: ARTHROFLORINE® (laboratoire Lehning), mélange de plantes pour tisane, composé de feuilles d’Ortie dioïque à 20 %. Il est traditionnellement utilisé dans le traitement symptomatique des manifestations articulaires douloureuses mineures. FITACNOL® gélules (laboratoire Arkopharma): composé de parties aériennes d’Ortie dioïque, de Grande bardane et de Pensée sauvage. Elles sont traditionnellement utilisées dans les états séborrhéiques de la peau. Par voie interne, elle stimule l’hématopoïèse, est prescrite comme diurétique dans l’arthrite, les rhumatismes articulaires, pour «stimuler la production enzymatique» du pancréas, pour favoriser la cicatrisation, mais aussi dans les maladies des voies biliaires. Par voie externe, elle est utilisée dans les soins capillaires comme antipelliculaires et contre les cheveux gras.

Arkogélules

  • Utilisation actuelle des racines. Les racines sont utilisées sous forme de tisanes ou d’extraits. Par exemple: ARKOGELULES® d’Ortie racine ou ELUSANES® ortie racine. Elles sont employées dans les troubles mictionnels dus à une hyperplasie bénigne de la prostate (stades 1 et II), bien que, jusqu’à présent, l’efficacité ne soit pas totalement démontrée. En Allemagne, en particulier, où la phytothérapie est largement reconnue et utilisée, la racine est considérablement employée comme médicament de l’adénome prostatique bénin, sous forme d’extrait fluide. En médecine populaire, la drogue est employée comme diurétique et occasionnellement comme astringent et en gargarisme.

Arkogélules 2

 

USAGE VETERINAIRE

Chez l’animal, l’ortie est utilisée dans :

  • l’adénome de la prostate du chien
  • l’arthrose du chien âgé
  • en dermatologie

Personnellement je la prescris sous forme d’extrait fluide (extrait hydro-alcoolique  de plante sèche) soit seule, soit en mélange avec d’autres plantes. Chez le chat, je privilégie un extrait non alcoolique de plante fraîche, l’EPS (extrait de plante standardisé), le chat tolérant mal les médications contenant de l’alcool. J’en fait ajouter fréquemment dans la ration des chiens présentant des maladies de peau ou de l’appareil locomoteur, ajoutée aux autres légumes.

USAGE HOMEOPATHIQUE

En homéopathie, c’est la petite ortie qui est utilisée : URTICA URENS

Urtica urens 5 CH

Sa prescription est faite dans les maladies éruptives de la peau, lorsque les boutons font penser aux boutons prurigineux et douloureux des piqûres d’ortie. Le remède est le plus souvent prescrit en dilution 5 CH et est fréquemment associé à un autre remède homéopathique : Rhus toxicodendron

EXEMPLES D’UTILISATION

  • Berger allemand âgé de 11 ans présentant des difficultés de déplacement et une fragilité digestive. Prescription d’un mélange d’extraits fluides de Saule, Fréne et Ortie, les deux premières pour leur apport en acide acétyl salicylique (Saule en latin = Salix → acide salicylique), et l’Ortie pour son action antirhumatismale et son soutien du métabolisme général.
  • Griffon de 4 ans présentant des otites à répétition. Grande sensibilité hépato-pancréatique à l’examen clinique. Prescription d’un mélange d’extraits fluides de Bardane (→ pancréas), Pissenlit (→ foie) et d’Ortie.

BIBLIOGRAPHIE

  • « L’Ortie dioïque » – Francine Draghi – Thèse pour le diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie
  • « Les secrets de l’Ortie » – Bernard Bertrand – Editions « le compagnon végétal »