Dans ce paragraphe, nous nous limiterons volontairement aux soins des animaux de compagnies, chiens et chats. Ces deux espèces constituent l’ essentiel de la patientèle phytothérapique vétérinaire, et elles représentent la quasi totalité des patients que j’ai eu à soigner de cette façon pendant plus de trente ans.
Toutes les espèces animales peuvent bien sûr être soignées de cette façon, qu’elles soient de grande taille (chevaux, bovins…) ou de très petite taille (cochons d’ Inde, hamsters…). En ce qui concerne les bovins, vous pourrez vous référer à l’ excellent ouvrage de mon confrère le docteur Philippe Labre, ouvrage cité à la fin du site.
La plante médicinale ne pouvant être administrée telle quelle à des fins de traitement, il va falloir en extraire les PRINCIPES ACTIFS. De nombreuses possibilités d’ extraction existent :
¤ La méthode la plus connue est sans conteste la fameuse « tisane« . Elle est obtenue au moyen d’une extraction par l’eau (= « aqueuse »). Soit on laisse la plante 10 mn dans l’eau très chaude, on obtient alors une « infusion« , soit on la laisse bouillir pendant 10 mn et on a alors une « décoction« , soit on la laisse tremper longtemps dans l’eau froide et on obtient alors une « macération« .
quelques exemples : si votre animal souffre d’un mauvais fonctionnement du foie, vous pouvez lui faire prendre de l’infusion de Pissenlit 2 à 3 fois par jour. Il est allergique ? : ajoutez alors des feuilles de Plantain à sa soupe ou à ses légumes (avec le jus de cuisson ou cuits à la vapeur). Son oeil est rouge ? : baignez-lui l’oeil plusieurs fois par jour avec une infusion de fleurs de Camomille.
Les exemples de soins à l’aide d’infusions ou de décoctions ne manquent pas. C’est un moyen simple, peu onéreux et à la portée de tous.
¤ Les formes sèches :
– La poudre de plante sèche
Après séchage, la plante peut être réduite en poudre et donnée telle quelle. Exemple : la poudre de Prêle, utilisée dans le traitement de l’arthrose du chien, est mélangée une fois par jour, soit dans la nourriture, soit dans du yaourt, dont la plupart des chiens raffolent. Seul inconvénient des poudres de plantes, il faut en donner des doses relativement importantes pour qu’elles soient efficaces.
– L’extrait sec ou nébulisat
Cette préparation permet d’obtenir une forme sèche et concentrée en principes actifs, d’où l’emploi de dosages beaucoup moins importants. Cet extrait étant très hygroscopique (attire l’humidité et coagule), il nécessite d’être mis dans des gélules et gardé au sec. Les différentes taille de gélules permettent d’adapter le dosage à la taille de l’animal. Cette formule, malgré un coût plus élevé, permet à certains propriétaires d’animaux d’administrer plus facilement les traitements.
¤ Les extraits alcooliques
C’est sans aucun doute le mode préparatoire que j’utilise le plus souvent dans mes prescriptions. En effet, cette formule liquide, d’une part s’adapte facilement au poids de chaque animal (en général une à deux gouttes par kilo de poids, deux à trois fois par jour), d’autre part peut être administrée mélangée à un liquide appétent (eau, lait, yaourt…). Je mélange en général deux ou trois plantes (pas plus afin d’éviter les interactions éventuelles), pour cerner au plus près la maladie à traiter.
– Les teintures-mère (TM) : préparées par les laboratoires homéopathiques, ce sont des extraits hydro-alcooliques de plantes fraîches broyées; la plante est mise à macérer plusieurs jours et la solution est ensuite filtrée. Ce type de préparation est très stable dans le temps.
– Les extraits fluides (EF): préparés par les laboratoires phytothérapiques, ce sont des extraits alcooliques de plantes sèches pulvérisées, reconcentrés après extraction. Leur intérêt est leur grande concentration en principes actifs (1 goutte d’ EF équivaut schématiquement à 10 gouttes de TM), ce qui permet de les utiliser dans les traitements nécessitant des dosages relativement importants.
– Les suspensions intégrales de plante fraîche (SIPF) : plus anecdotiques (je ne les prescris pas au vu de leur coût), elles sont obtenues par cryobroyage de la plante fraîchement cueillie et mise en solution dans de l’alcool.
– Les macérats glycérinés (MG) : préparés également par les laboratoires homépathiques, ils sont obtenus par macération dans un mélange eau-alcool-glycérine et redilués au 1/10 (1 DH = 1ère décimale homéopathique). Cette méthode est réservée à l’extraction des parties les plus fragiles, bourgeons et jeunes pousses.
– Les macérats glycérinés concentrés : depuis quelques années, plusieurs laboratoires préparent leurs macérats glycérinés comme détaillé ci-dessus, mais sans procéder à une dilution au 1/dixième. Ce procédé permet de diminuer fortement les doses administrées et de ce fait diminuer la quantité d’alcool ingérée. Récemment, un de ces laboratoires a même trouvé un procédé permettant d’éliminer l’alcool après fabrication (« Aquagemm ») : un vrai bonheur pour le vétérinaire que je suis, car il permet une administration beaucoup plus facile chez le chat.
¤ Les extraits glycérinés, sans alcool
Ce sont les EPS ou extraits standardisés de plantes. Leur intérêt est l’absence d’alcool, permettant une utilisation plus facile chez le chat. leur défaut est le nombre limité de références.
¤ Les huiles essentielles
Extraites des plantes à essence par les laboratoires phytothérapiques, elles nécessitent une dilution préalable avant d’être administrées. N’étant pas solubles dans l’eau, on utilisera comme solvant soit l’alcool, soit une huile (exemple : huile d’amande douce), soit le lactose (qui permet de les mettre en gélules), soit un excipient* hydrodispersible* (réservé à l’usage externe). Elles sont difficiles à administer aux animaux étant donnés leur odeur très forte et leur goût désagréable.
¤ Préparations à usage externe
Pommades et lotions sont préparées à partir d’excipients gras, huileux, hydrodispersibles ou alcooliques, dans lesquels sont incorporés teintures-mère ou huiles essentielles (exemple : pommade au Calendula)